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10 Raisons de ne pas Commencer une Tâche, 2ième Partie

10 Raisons de ne pas Commencer une Tâche, 2ième Partie

Dans la première partie de ce post, j'ai exploré cinq premières raisons de ne pas commencer une tâche: 

  1. Parce qu'on ne sait pas qu'on doit la faire 

  2. Parce qu'on ne sait pas quand elle se terminera

  3. Parce qu'on ne sait pas par où commencer

  4. Parce qu'il est coûteux de la mettre en route

  5. Parce qu'on a peur d'échouer

 

Il est temps maintenant de terminer ce qui a été commencé en traitant les cinq dernières: 

6. Parce qu'on a peur de réussir
7. Parce qu'on surestime la difficulté
8. Parce que faire ça c'est renoncer à faire quelque chose d'autre
9. Parce que le résultat peut rester parfait tant qu'on ne fait qu'en rêver
10. Parce que c'est la énième fois qu'on la remet à plus tard

6. Parce qu'on a peur de réussir

Aussi bizarre que ça paraisse, la peur d'échouer possède son symétrique, à savoir la peur de réussir, tout aussi capable de nous empêcher de passer à l'action. Ce problème touche surtout les tâches et les projets que l'on se doit à soi-même, pour lesquels nous sommes notre propre client. Comme personne d'autre n'est là pour nous rappeler qu'il serait temps de conclure, on peut d'autant plus facilement repousser le moment de donner l'estocade. 

Pourquoi ça arrive ?

Quelquefois, on se sent bien dans une tâche. On a finalement réussi à l'entreprendre, ça s'est à notre surprise avéré moins effrayant qu'on ne le craignait, et les choses avancent leur petit bonhomme de chemin. Eh oui : ces chaussures neuves dont on craignait les pires ampoules se sont transformées en confortables charentaises qu'on rechigne à quitter... alors pourquoi ne pas prolonger un peu (beaucoup ?) le plaisir qu'on y prend, pour nous dédommager de tout le mal que nous avons eu à nous lancer ?

Que faire contre ça ?

Un bon remède consiste à s'arrêter un instant pour visualiser par anticipation la tâche ou le projet arrivé à son terme. Ceci peut être générateur de plaisir et d'énergie à plusieurs niveaux: 

  • Nous pouvons anticiper le "booster" pour l'estime de soi que constituera le fait d'être enfin arrivé au bout de notre effort 

  • Nous pouvons visualiser et admirer le produit concret de nos efforts, et enfin

  • Nous pouvons commencer à imaginer l'étape d'après, qui sera elle aussi source d'accomplissements, sans oublier de 

  • Considérer toutes les choses pénibles ou coûteuses que nous allons cesser de devoir faire une fois notre tâche/projet accompli.

7. Parce qu'on surestime la difficulté

C'est l'histoire que tous les baigneurs connaissent: ceux qui sont au bord de l'eau se tiennent les bras en reculant devant les vaguelettes, ceux qui sont déjà dedans leur crient qu'elle est suuuuuuper-bonne. 

Pourquoi ça arrive ?

Parce que bien souvent nous avons tendance à anticiper les choses que nous redoutons en exagérant (rappelons-nous la dernière fois où nous avons fait la répétition générale d'un entretien difficile au fond de notre lit à 3h30 du matin, par exemple). 

Que faire contre ça ?

Un premier truc peut consister à privilégier systématiquement l'action sur la réflexion (dans cette phase critique, juste pour habituer notre peau à l'eau de mer), afin de passer le plus rapidement possible de "j'y pense mais j'y vais pas" à "j'y suis". "Un voyage de mille kilomètre commence par un seul pas", selon le dicton, donc il ne faut pas hésiter à faire ce pas, fût-il minuscule. Dans un certain nombre de cas, un autre, pas beaucoup plus grand, suivra quasi mécaniquement, et bientôt nous nous étonnerons de nous observer en chemin. 

Autre remède possible: positionner ce projet qui nous effraie par rapport à tous nos projets passés. Est-ce la chose la plus difficile que nous avons entreprise dans notre vie ? Pire que d'entrer au CP, sûr ? De lui déclarer notre flamme en couvrant le bruit de nos genoux s'entrechoquant, vraiment ? N'avons-nous pas déjà affronté — et vaincu — pire ? Comment nous-y sommes alors pris ? Ne pourrions-nous pas nous en inspirer un peu ici ? 

8. Parce que faire ça c'est renoncer à faire quelque chose d'autre

"The essence of strategy is choosing what NOT to do" 

Michael Porter

Ce principe est également vrai aussi de la stratégie que nous devons mettre en oeuvre pour nos "petits"projets.

Pourquoi ça arrive ?

Contrairement à l'idée que voudrait nous imposer la technologie ambiante, un être humain ne peut pas faire consciemment deux choses à la fois. Si nous voulons faire A, alors nous devons renoncer à faire B en même temps. Mais nous avons aussi envie de B, alors une part de nous se dit qu'en retardant le moment de nous mettre à A, on retarde du même coup le moment de faire (provisoirement) notre deuil de B, deuil qui blesse notre image narcissique de moi tout-puissant (phrase que nous pourrons réutiliser avec profit à la caféteria pour impressionner les collègues — rien ne se perd dans le blog de Robinson.) 

Que faire contre ça ?

Le meilleur remède que je connaisse contre cette façon de procrastiner (qui est une de mes favorites) consiste à prendre conscience du principe de choix qui s'énonce ainsi: "on ne peut pas ne pas choisir". 

Une façon concrète de mettre ce principe en oeuvre consiste à se demander explicitement "En choisissant de ne pas commencer A, quel est le B que je choisis en ce moment ?"

A partir de là, trois choix possibles: 

  • Un "B" clair émerge. Deux sous-choix:

    • Nous donnons clairement et explicitement la priorité à ce "B"-là, et il n'y a plus de procrastination, mais un choix stratégique clair de notre part en faveur de B. Michael Porter est ravi et nous bénit (y compris si B consiste à faire une sieste.) 

    • Le fait de prendre conscience de "B" nous fait réaliser que ce dernier n'est pas compétitif avec "A" dans l'atteinte de nos objectifs à terme, ce qui nous donne suffisamment de motivation pour nous mettre résolument à faire "A". Nous: 1, Procrastination: 0. 

  • Nous peinons à trouver "B". C'est un signe clair qu'en réalité nous avons choisi de ne faire ni A ni B. Nous avons élu au contraire de nous mettre à imiter le fameux âne de Buridan, mort de n'avoir su que choisir entre boire et manger. Cette prise de conscience doit nous inciter à nous ramener au cas précédent en nous demandant "si je n'ai rien de mieux à faire, pourquoi ne pas faire A, finalement ?" 

9. Parce que le résultat peut rester parfait tant qu'on ne fait qu'en rêver

Le rêve dispose d'un avantage concurrentiel énorme sur la réalité: il peut être aussi beau et parfait que l'on veut. L'inconvénient est que le rêve n'existe jamais dans le vrai monde concret, mais c'est un aspect de la situation qui nous frappe en général assez peu lorsqu'on rêve (comme lorsque je tuais à mains nues cet énorme crocodile dans un rêve récent, par exemple.)

Pourquoi ça arrive ?

Il y a deux façons de renoncer à ses rêves: en ne les réalisant pas ou en les réalisant. La seconde est plus subtile:  elle nous fait renoncer à une perfection fantasmée au profit d'une réalité tangible avec ses qualités... et ses défauts. Donc là encore, un micro deuil à faire, qui peut constituer le trou de souris par lequel la procrastination s'introduit dans notre vie.

Que faire contre ça ?

La première chose à faire dans un tel cas est de vérifier que nous avons suffisamment bien défini concrètement  le résultat de notre rêve. Pour cela il convient de disposer d'une réponse satisfaisante à la question suivante: "A quoi les autres verront-ils que j'ai réalisé mon rêve ?"

Il est capital de prendre le point de vue des autres, car cela nous force à réfléchir en termes concrets et objectifs (au sens de non-subjectifs.)   

Le second truc est d'avoir toujours un rêve sur soi. Les rêves sont une source importante de motivation, de plaisir et d'énergie dans la vie, et une vie sans rêve tournerait vite au cauchemar, n'est-ce pas ?

La bonne question est donc, "Quel est mon prochain rêve sur la liste, une fois celui-ci réalisé ?" Si nous parvenons à identifier et visualiser de manière attractive un tel "rêve d'après", il y a des chances pour que nous soyons plus motivés pour terminer le "rêve d'avant", devenu maintenant la clef d'accès à d'autres aventures. 

10. Parce que c'est la énième fois qu'on la remet à plus tard

Reconnaissons-le: nous procrastinons tous sur une chose ou l'autre dans notre vie, et c'est sans doute un excellente chose, comme une soupape de sécurité qui nous empêcherait d'entreprendre davantage que ce qui est raisonnable. Mais il y a quand même parfois des choses que l'on ne peut pas ne pas faire (corriger un paquet de copies, payer ses impôts, faire les entretiens d'évaluation de ses collaborateurs...) Mais hélas, ce n'est pas toujours une raison suffisante pour éviter la procrastination. 

Pourquoi ça arrive ?

Lorsqu'on a procrastiné suffisamment longtemps sur une tâche, il arrive que cet succession de "allez, aujourd'hui je m'y mets" suivis d'autant de "encore raté... Demain, sans faute !" s'ajoute en tant que telle à toutes les autres raisons qui nous font redouter la tâche en question. Nous nous sommes tellement mis nous-même en situation d'échec sur ce sujet que la perspective même d'en prendre une nouvelle fois le risque suffit à nous décourager. 

Dans les cas extrêmes, nous finissons comme le fameux lapin pris dans les phares de la voiture, incapable de mouvement alors que le danger approche à grande vitesse. 

Que faire contre ça ?

Deux stratégies possibles ici pour nous vaincre nous-même. Comme nous avons régressé à un stade infantile en renouant avec la haine immémoriale qui sépare les p'tits bouts d'chou des bienfaits des épinards, ces stratégies doivent s'adresser à l'enfant en nous. 

La première de ces stratégies, bien connue de tous les parents, consiste à ne pas céder sur le principe du "au moins une cuillère, mon chéri". Comme la taille de ladite cuillère est toujours négociable (comme le savent tous les enfants), nous pouvons nous reporter aux solutions explorées dans la sections 3. Parce qu'on ne sait pas par où commencer de la première partie de ce post

Il reste enfin en dernier ressort l'inusable "Pour faire plaisir à Maman/Papa, mon roudoudou". Adapté à l'âge adulte, cela consiste à annoncer à un tiers (notre chef, un collègue, un conjoint, peu importe) l'engagement que l'on prend vis-à-vis de lui ou d'elle de faire quelque progrès sur la tâche en question dans un délai convenu. L'idée sous-jacente est de parier sur son amour-propre: rater son objectif vis-à-vis de soi-même, passe encore, mais avoir à avouer un échec à ce ... de ..., alors là, jamais ! 

Bref...

J'espère vous avoir convaincu dans ce post qu'il n'existe pas une procrastination mais que c'est en réalité une hydre à plusieurs têtes, ce qui la rend plus difficile à combattre.

En identifiant laquelle de ces têtes nous menace le plus à un instant donné, nous pouvons espérer mieux nous en défendre en choisissant des stratégies variées et appropriées.  Donc, plus que jamais: 

Pourquoi procrastiner maintenant, alors qu'on pourrait le faire plus tard ? (anonyme)

 

 

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